Euloge, prêtre de Cordoue, archevêque élu de Tolède sous le règne d'Abd al-Rahman II, était connu pour résister à un islam conquérant et guerrier.
Un jour, il découvrit la jeune Flora, battue à coups de fouets et scalpée jusqu'à voir les os de son crâne en raison de sa foi.
"J'ai touché de mes mains jointes les cicatrices de cette tête vénérable et délicate, après que par des coups de fouet la chevelure virginale était tombée", écrivit-il.
La mère de Flora était chrétienne et de famille noble, son père lui était païen. Quand celui-ci mourut, sa mère fit de sa fille une chrétienne. Flora avait coutume de donner aux pauvres en cachette les repas qui lui étaient servis.
En grandissant, la jeune fille, contrariée de devoir pratiquer sa foi en cachette par crainte de son frère qui, lui, était musulman.
Opprimée, elle s'enfuit un jour avec sa soeur Baldegothone pour se réfugier chez des chrétiens au grand dam de son frère qui prit des otages et les fit incarcérer.
Refusant de causer des souffrances à autrui, Flora se résigna à retourner chez elle, acceptant d'endurer la souffrance pour l'amour de Jésus-Christ. Après avoir essayé de la séduire, son frère l'emmena voir un cadi (juge) à qui Flora déclara sa fidélité à sa foi, jurant de garder sa virginité.
C'est alors que deux gardes ont commencé à la martyriser, la battant jusqu'à la rendre chauve, avant de la rendre à son frère avec pour consigne de la ramener si elle persistait à refuser la conversion à l'islam.
Une fois guérie, Flora escalada sa maison avant d'être recueillie de nuit par un chrétien. Elle se cacha ensuite dans un monastère avec Baldegothone durant six années.
Quant à Maria, chrétienne elle aussi, c'est sur le chemin du tribunal où elle se rendait qu'elle rencontra Flora. Les deux vierges décidèrent de se présenter ensemble devant le cadi afin de lui confesser leur foi et tenter de convaincre de les laisser en paix.
Maria déclara : "Et moi, juge, naguère j'ai eu un frère parmi ces confesseurs magnifiques, mort après avoir démoli votre prophète. J'imite leur courage en affirmant que le Christ est Dieu en vérité, et jure que les rites de votre loi et vos cérémonies sont des rêveries démoniaques".
Furieux, le cadi les fit enfermer dans un cachot malpropre où se trouvaient des prostituées. Elles se mirent à prier et à jeûner.
Enfin, après un dernier avertissement du cadi, elles furent emmenées au tribunal pour y être humiliées et interrogées. Euloge décrivit Flora ainsi : "Elle était belle comme un Ange, brillante de la grâce d'une clarté céleste, l'air enjoué, le visage pudique, déjà épanouie par les joies de la Patrie céleste ; elle me dit en souriant 'Maître, aujourd'hui j'ai passé devant le juge, avec mon frère en face de moi, cet adversaire de notre Foi, qui m'a persécutée jusqu'à me faire choir en cette fosse. On me demanda si je le connaissais. Je dis que c'était mon propre frère".
Condamnées à l'exécution suprême pour apostasie, un crime passible de mort en islam, Flora et Maria furent menées sur le lieu de leur supplice. Traçant sur leur visage une croix en signe de fidélité à leur foi, ce 24 novembre 851, elles tendirent de bonne grâce leur cou à leurs bourreaux.
Leurs corps furent abandonnés aux chiens et aux oiseaux puis furent jetés dans le fleuve. Seul celui de Maria fut retrouvé. Leurs têtes furent recueillies puis conservées dans la basilique Saint-Aciscle de Cordoue.