Malmenée en Europe de l’Ouest, la liberté d’expression ne semble pas mieux se porter en Chine. Un opposant au Parti communiste vient d’écoper d’une peine de huit ans de prison.
Viol et tentative de « subversion »
L’homme se nomme Wu Gan et est connu en Chine comme étant un internaute affichant clairement sa dissidence vis-à-vis du régime. Se définissant comme un militant en faveur des droits de l’homme, Wu Gan a été jugé le 26 décembre par le tribunal de la ville de Tianjin pour un motif qui rappelle les grandes heures de l’URSS : tentative de subversion.
L’affaire remonte au mois de mai 2015 lorsque l’opposant au président chinois Xi Jinping avait été arrêté pour avoir pris la défense d’une femme. Cette dernière était alors inculpée pour avoir tué un membre éminent du Parti communiste chinois qui l’avait précédemment violée. Cette prise de position médiatique de la part de Wu Gan, alors employé dans un cabinet d’avocats à Pékin, avait fait désordre auprès du gouvernement chinois. Un gouvernement aux mains du Parti communiste, bien entendu.
Non coupable
L’internaute avait refusé de plaider coupable devant le tribunal. Ce qui n’a visiblement pas arrangé son sort puisque la justice l’a condamné à huit années de prison ferme. Une volonté de faire un « exemple » selon l’avocat de Wu Gan, Yan Xin. Rappelons qu’au mois d’octobre dernier, ces mêmes autorités, par la voix du président Xi Jinping, avaient annoncé « s’opposer résolument à toute parole et action de nature à saper » l’autorité des communistes au pouvoir. Yan Xin a par ailleurs précisé à la presse que son client avait subi diverses pressions de la part de l’État chinois.
Voilà qui devrait refroidir les autres dissidents amenés à comparaître pour des motifs similaires. Wu Gan est par ailleurs un habitué de la dénonciation du régime en place. Ce dernier lui a donc fait payer son irrévérence. Dans le verdict de son procès rendu public, il est notamment écrit que l’accusé a « attaqué le système national qui est le fondement de l’autorité de l’Etat et de la Constitution ».
La dernière fois que des opposants au régime communiste furent aussi lourdement condamnés en Chine remonte au mois de juin 2016. À l’époque, deux individus appartenant au Parti démocratique chinois écopèrent de dix ans et demi et onze ans de prison.
Amnesty International condamne
Amnesty International, organisation de défense des droits de l’homme, a condamné la peine infligée à Wu Gan et critique le choix de cette date comprise entre Noël et le jour de l’an pour la tenue du procès. Une période où l’opinion internationale est davantage relâchée.
Des juges sévères avec les opposants au régime, des pressions en tout genre de la part de l’État sur ces mêmes opposants, l’évocation permanente de la Constitution pour justifier la répression : toute ressemblance avec la situation française ne serait que fortuite.
https://www.breizh-info.com/2017/12/27/85255/prison-communiste-chinois