Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Piratage d'Act Up : ''On se faisait traiter de racistes car on préférait parler de la lutte contre le sida plutôt que des migrants''

Samedi 30 avril, le conseil d'administration d'Act Up a démissionné, mettant fin à plusieurs mois de tensions au sein de l'association historique de lutte contre le sida. Pour L'Express, Rémy Hamai, 23 ans, président démissionnaire d'Act Up-Paris, revient sur cette décision, et dénonce l'"entrisme" de quelques militants politiques, venus notamment du Parti des Indigènes de la République et de certains collectifs d'aide aux migrants

"Le temps de procéder au vote, et je suis parti", raconte à franceinfo le désormais ex-coprésident d'Act Up dans la capitale. 

La sortie en août dernier du film de Robin Campillo a "complètement bouleversé le fonctionnement de l'association", estime Rémy Hamai. De nouvelles personnes sont alors venues frapper à la porte d'Act-Up pour proposer leurs services. "Ce regain militant, au début, c'était positif pour l'association, c'était motivant, ça faisait du bien."

Mais l'idylle est de courte durée. A l'automne, des divergences commencent à apparaître entre l'équipe dirigeante et certains nouveaux arrivants. Sur le fond, comme sur la forme. 

Les échanges sereins qui prévalaient jusqu'alors ont laissé la place à des discussions à la fois plus creuses et plus violentes

Les membres du conseil d'administration reprochent aux derniers arrivés de vouloir s'imposer trop vite. Ils dénoncent "l'entrisme" de ces militants. Majoritairement issus de la lutte antiraciste, ils souhaitent donner davantage de place à la question des migrants. "Pour eux, le combat contre le sida n'est plus une priorité", regrette Rémy Hamai. 

Au début, ces militants sont arrivés avec un discours universitaire très argumenté, qui s'est peu à peu fait virulent, et qui prétendait nous faire changer de façon de militer. A Act Up, la tradition veut que l'on parte d'abord du "coeur" de notre mission, à savoir la lutte contre le sida, puis qu'on élargisse aux questions de causalités et de discriminations qui sont reliées. Dans ce cadre, bien sûr que nous sommes amenés à nous pencher sur la question des migrants séropositifs, par exemple, et sur l'aide spécifique dont ils ont besoin ! Mais les militants qui nous contestaient, eux, voulaient inverser l'ordre de réflexion et de priorité. En gros : parler migrants, puis, éventuellement, sida. Au fur et à mesure, les échanges se sont durcis. Et nous, les "anciens", qui ne supportions pas de voir la question du sida reléguée, et qui questionnions leur façon de voir les choses, nous nous faisions traiter de "racistes" ! Ça n'était plus tenable. 

Cela a ralenti le processus de concertation de l'association. Par ailleurs, nous n'étions pas d'accord sur l'usage de la violence, ni sur la nécessité de trier les gens... 

A Act Up, on considère que l'épidémie de sida touche tout le monde et qu'on doit la combattre avec et pour chacun. D'ailleurs, l'un des anciens slogans de l'association était : "Tout le monde est séropositif". Les nouveaux militants, eux, remettaient en cause le fait que l'on s'attache équitablement à toutes les populations exposées. Ils voulaient établir des priorités en fonction du profil des victimes

La situation "pourrit" de jour en jour, et l'activité militante est reléguée au second plan. "Il y avait des critiques permanentes de l'action du Conseil d'administration", se souvient Mikaël Zenouda, qui était coprésident d'Act-Up il y a encore quelques jours.

"Nous étions épuisés, physiquement, et harcelés, moralement"

 

Piratage d'Act Up : ''On se faisait traiter de racistes car on préférait parler de la lutte contre le sida plutôt que des migrants''

Samedi 31 mars, lors de l'assemblée générale extraordinaire, c'est une équipe mixte entre anciens et nouveaux qui est élue. Parmi eux, Drisse Atek, qui s'est engagé dans l'association en février. Lui assume ce changement de cap. "Avec les années, Act Up a un peu perdu son âme, estime-t-il. On doit revenir dans la rue de manière visible. Les gens ont besoin de savoir qu'Act Up se bat et qu'on n'arrêtera pas."

https://www.francetvinfo.fr/culture/cinema/cesar-2014/e-mails-insultants-desaccords-politiques-act-up-se-dechire-depuis-le-film-120-battements-par-minute_2686328.html

https://www.lexpress.fr/actualite/crise-a-act-up-on-se-faisait-traiter-de-racistes_1997356.html

Tag(s) : #Manipulation
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :